Sauvons Bambi !

Sauvons Bambi ! – comment les communes peuvent soutenir la protection des faons

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Au Luxembourg, les premiers mois de la vie des cerfs, des chevreuils et d’autres espèces coïncident avec la période de fauchage agricole allant d'avril à juillet, durant laquelle un grand nombre d'entre eux sont blessés, voire tués, car ils ont tendance à se figer instinctivement à l'approche des machines agricoles, plutôt que de prendre la fuite. En 2022, l'association sans but lucratif « Sauvons Bambi Luxembourg » a été créée pour protéger les faons de ce danger. Pour pouvoir se développer et agir à l'échelle nationale, l'association a besoin du soutien des communes, dont une dizaine, parmi lesquelles les communes de Garnich et Steinfort, ont entre-temps signé une convention avec elle.

L'association, dont les origines se trouvent en Belgique, a son siège luxembourgeois à Kahler, comme l'explique Georges Fohl, responsable des relations publiques de « Sauvons Bambi Luxembourg ». L'ancien bourgmestre de la commune de Garnich énumère ci-après les objectifs et les motivations de l'association : « Tout d'abord, il s'agit pour nous de prévenir la mort et la souffrance des faons et des animaux sauvages en général et de contribuer ainsi au respect de l'environnement et de la nature. Le contrôle préalable de la surface à faucher donne plus de sérénité à l'agriculteur. » Un autre objectif est de préserver la qualité du fourrage et de prévenir ainsi le risque de maladie du bétail.

Et comment se déroule cette opération de sauvetage dans la pratique ? En fait, c'est très simple : placés en bordure de la zone à faucher, les pilotes de l'association survolent les prairies concernées à l'aide d'un drone équipé d'une caméra thermique. Le survol est rapide, puisqu'il ne faut que trois minutes pour parcourir un hectare. De cette manière, ils repèrent les faons qui sont ensuite sauvés par d'autres membres de l'équipe « Sauvons Bambi Luxembourg » avant le début des travaux agricoles.

Comme les prairies peuvent être très étendues, les coordonnées sont transmises aux appareils GPS des équipes de sauvetage afin qu'elles puissent déterminer l'emplacement exact des faons, qui se figent instinctivement et se cachent dans les hautes herbes à l'approche des machines agricoles. S'ils ne sont pas secourus, cette paralysie entraîne des accidents souvent mortels, ou bien les jeunes animaux, invisibles pour les agriculteurs, sont cruellement mutilés lors du fauchage. Après le sauvetage proprement dit, les faons sont ramenés sur place par les sauveteurs après avoir été brièvement placés dans un dispositif spécial.

Pour qu'un tel sauvetage soit réussi, il faut pourtant qu'une série d'acteurs jouent le jeu, pour le formuler ainsi : D'abord les agriculteurs, puis l'équipe de l'asbl, composée exclusivement de bénévoles. En principe, ce sont les agriculteurs qui informent l'équipe du moment où ils souhaitent faucher telle ou telle prairie. De préférence, cette communication se fait 1 à 2 jours avant l’action. « Pour que nous puissions agir de manière optimale sur place, il faut par conséquent une planification minutieuse, car nous sommes tous des bénévoles avec des créneaux horaires restreints, car certains d'entre eux travaillent encore. Ce qui est décisif, c'est que nous puissions intervenir à court terme, sachant que le facteur temps joue toujours un rôle », poursuit Georges Fohl. Ce dernier ajoute que l'intervention des sauveteurs est un peu comparable à celle de sapeurs-pompiers.

Les communes peuvent soutenir le projet « Sauvons Bambi » principalement en mettant à la disposition de l'association un drone équipé d'une caméra thermique. L'achat d'un tel dispositif coûte environ 6 000 euros. Alternativement, des drones existants, dont bon nombre de communes disposent déjà, peuvent éventuellement être munis d’une caméra thermique, ce qui permet de réduire l’investissement. Par ailleurs, les communes peuvent sensibiliser leur population, par exemple par l’organisation d’une soirée d’information, par un article rédactionnel dans le « Gemengebuet » ou par une présentation sur les réseaux sociaux, ou encore en créant un lien entre les membres de l'association et les agriculteurs habitant les communes.

« C'est vraiment pour une bonne cause et lorsque Georges Fohl m'a contacté, il était clair pour moi que, en tant que commune rurale, nous devions continuer à soutenir ce projet », raconte Sonia Fischer-Fantini, bourgmestre de la commune de Garnich. Sa commune, en collaboration avec la commune de Steinfort, a acheté un drone qui sera mis gratuitement à la disposition de l'équipe des sauveteurs de faons pendant les mois d'avril à juillet.

Sammy Wagner, le bourgmestre de la commune de Steinfort, est également d'avis qu'une telle action doit être soutenue : « En tout cas, nous avons tout de suite participé, car il s'agit de protéger des êtres vivants. Et l'acquisition commune d'un tel drone est également judicieuse pour des raisons de coûts, notamment pour les petites communes. » De plus, le drone est désormais utilisé à d'autres fins. Par exemple, pour évaluer l'état d'un terrain vu du ciel ou pour prendre des photos aériennes de la commune.

En octobre 2024, dix communes de notre pays, principalement dans le Sud-Ouest, ont fait l'acquisition d'un tel drone pour la mise à disposition de l'association et ont décidé de prendre en charge les frais de déplacement des pilotes de l’association. Grâce à cet engagement, en 2023, près de 250 faons ont été sauvés. « C'est certainement plus qu’une goutte d’eau dans la mer, mais ce qui manque, d'une part, c'est une sensibilisation à grande échelle et, d'autre part, une structure nationale », commente Georges Fohl. Il souligne que la formation des pilotes de drones est particulièrement complexe et coûteuse, et qu'il est difficile de trouver des volontaires pour s'investir dans cette cause. Il se réjouit toutefois que l'action « Sauvons Bambi » soit mentionnée dans l’Accord de coalition et que le gouvernement envisage de soutenir les projets pilotes actuels et de les étendre à l'ensemble du pays afin d'améliorer la protection des faons pendant la saison de fauche.

Plus d'infos: https://www.syvicol.lu/fr/bonnes-pratiques/fichepratiques/2024-10-08/sauvons-bambi-comment-les-communes-peuvent-soutenir-la-protection-des-faons